mardi 11 décembre 2012

Cendrillon

Publié par Admin à 15:07

Il était une fois un Gentilhomme qui épousa en secondes noces une femme, la plus hautaine et la
plus fière qu'on n'eût jamais vue. Elle avait deux  filles de son humeur et qui lui ressemblaient en
toutes choses. Le mari avait de son côté une jeune fille, mais d'une douceur et d'une bonté sans exemple ; elle tenait cela de sa mère, qui était la meilleure personne du monde.

Les noces ne furent pas plus tôt faites, que la Belle-mère fit
éclater sa mauvaise humeur ; elle ne put souffrir les bonnes qualités de cette jeune enfant qui rendaient ses filles encore plus haïssables.
Elle la chargea des plus viles occupations de la Maison : c'était
elle qui nettoyait la vaisselle et les montées, qui frottait la chambre
de Madame et celles de Mesdemoiselles ses filles ; elle couchait tout au haut de la
maison, dans un grenier, sur une méchante paillasse, pendant
que ses soeurs étaient dans des chambres parquetées, où elles
avaient des lits des plus à la mode et des miroirs  où elles se
voyaient depuis les pieds jusqu'à la tête. La pauvre rifle
souffrait tout avec patience et n'osait s'en plaindre à son père
qui l'aurait grondée, parce que sa femme le gouvernait
entièrement.
Lorsqu'elle avait fait son ouvrage, elle s'allait mettre au
coin de la cheminée, et s'asseoir dans les cendres, ce qui faisait

qu'on l'appelait communément dans le logis Culcendron. La
cadette, qui n'était pas si malhonnête que son aînée, l'appelait
Cendrillon ; cependant Cendrillon, avec ses méchants habits,
ne laissait pas d'être cent fois plus belle que ses soeurs, quoique
vêtues très magnifiquement.


Il arriva que le Fils du Roi donna un bal, et qu'il en pria
toutes les personnes de qualité : nos deux Demoiselles en
furent aussi priées, car elles faisaient grande figure dans le
Pays. Les voilà bien aises et bien occupées à choisir les habits
et les coiffures qui leur siéraient le mieux ; nouvelle peine pour
Cendrillon, car c'était elle qui repassait le linge de ses soeurs et
qui godronnait leurs manchettes. On ne parlait que  de la
manière dont on s'habillerait. Moi, dit l'aînée, je mettrai mon
habit de velours rouge et ma garniture d'Angleterre. Moi, dit la
cadette, je n'aurai que ma jupe ordinaire ; mais en récompense,
je mettrai mon manteau à fleurs d'or et ma barrière de
diamants, qui n'est pas des plus indifférentes.
On envoya quérir la bonne coiffeuse, pour dresser les cornettes
à deux rangs et on fit acheter des mouches de la



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